Quand on m'a annoncé la décision du confinement, un sentiment de colère est monté. Comme une réelle crise d'angoisse, j'ai eu le sentiment d'étouffer.
Il y a 4 ans j'ai connu le confinement. Le passage obligatoire et forcé au sein de l'unité des troubles alimentaires de Saint Anne a laissé des traces. Comme si ces mois d'enfermement dans une chambre, seule avec un lit et un nombre restreint de sortie dans le couloir derrière quatre murs, ressurgissaient.
Cependant, une fois la crise d'angoisse passée, j'ai ressenti un soulagement immense. On dit que pendant le confinement la nature reprend actuellement ses droits, et si notre esprit les reprenaient lui aussi?
On ne vous a pas tout dit sur le confinement Vous vous souvenez de mon article sur le lâchez prise où j'expliquais que personne ne savait quelle définition en donner? Je pense avoir trouver celle qui me correspond : lâchez prise c'est accepter qu'une situation est telle qu'elle est, et avancer avec elle plutôt que de lutter contre elle. C'est ce qu'il s’est passé pour moi. Pour la petite histoire, je suis en confinement avec ma maman. Les relations ne sont pas aux beaux fixes. Et pourtant, quand j'ai su qu'on partait pour ma santé, j'ai insisté pour qu'elle vienne. Comme si je sentais que ce confinement serait pour moi l'opportunité d’enfin affronter ce que je fuis depuis si longtemps. Être loin du bruit A Saint Anne on vous coupe de vos proches. Pour votre thérapie vous n'avez pas le droit à votre téléphone et une seule visite par semaine en temps restreint. On nous dit que le but est de se centrer sur votre thérapie sans que les autres viennent la perturber. Alors ceci paraît extrême et pourtant c'est bénéfique. Il y a vous et vous. Vous ne pouvez plus fuir, vous ne pouvez plus compter sur les autres pour valider vos choix et vos choix ne sont plus guidés par l'opinion des autres mais par vos propres émotions. Grace a ça on apprend à s'écouter, à se faire confiance et à développer son intuition. Depuis le début du confinement j'ose plus de choses, ma créativité se développe, je m'inspire de mes envies que j'apprends à écouter. Faire ça à ses démons Une fois le bruit éloigné on commence par tourner en rond. On essaye d'éviter la réalité des choses on ne lâche pas prise. Le bruit ici ce n'est pas les sons comme on pourrait l'imaginer mais les avis, les opinions et les émotions des autres qui viennent perturber nos propres sons vibratoire.
J'ai l'habitude de ne pas m'assoir cela fait des années que je fuis mes démons en m'occupant dès que ceci surgissent. Aujourd'hui on ne peut plus fuir : l'esprit reprend ses droits. Et tant mieux.
Beaucoup vont vivre le confinement comme une dépression. Mais et si ceci nous permettait d'atteindre enfin le lâchez prise? En effet aujourd'hui la seule personne qui vous parle est votre intérieur et il en a des choses à vous dire.
Il est temps de prendre un cahier et d'écrire toutes ces pensées. De mettre des mots sur ces souffrances. Et enfin s'y ajouter des clés et des pistes d'amélioration.
Ce confinement je le vie comme ma thérapie. Il est temps Anaïs de t'assoir et de comprendre pourquoi tu as mal. Ton enfant intérieur a peur de ce confinement. Mais pourquoi il a peur? Pourquoi l'extérieur est si important? Quelle est l'approbation qu'il recherche? Peu importe les réponses ce sont les vôtres. Ce qui compte est de comprendre que le dénominateur commun c’est vous et que la seule personne qui peut tirer des leçons et grandir de la situation c'est vous.
Laisser le corps reprendre ses droits J'ai beaucoup entendu dire qu’avec le confinement ils se sentaient épuisés. En fait vous êtes épuisé depuis très longtemps. Mais votre corps c'est mis en mode survie. Et tous les jours il puise et puise et puise encore. Quand on commence à lâchez prise les douleurs musculaires font surface et la fatigue aussi. Parce qu'on arrête de lutter et qu'on ressent. Et tant mieux : si vous ressentez c’est que vous êtes vivants! Et que c'est BON de se sentir vivant! Vivre l'instant présent Je ne compte pas les jours depuis le début du confinement ni les jours qu'il reste. Nous y sommes un point c'est tout. Je m'assoie à table avec tout le monde. Quand je démarre une tache je la termine et je coupe tout ce qu'il y a autour pour la vivre pleinement. Cette période nous apprend à prendre le temps et à en apprécier chaque instant. On a enfin plus à courir entre deux tâches, plus à programmer des alarmes comme des chronomètres qui donnent un rythme à la journée. Si j'ai décidé de faire un gâteau qui m'a demandé trois plus de temps que prévu, j'aurais le temps le soir de répondre à mes emails. Le stress disparaît et l'instant est réellement présent. Alors on tire quoi de ce confinement Déjà pour avoir connu le confinement on ne lutte pas. La lutte épuise et elle est absolument inutile. La situation est telle qu’elle est. On en profite pour prendre du temps pour soi. Vous n'êtes pas seul : vous êtes avec votre meilleur ami, vous-même. On écoute, on découvre, on cohabite avec son esprit pour sortir de là fort et prêt à affronter ensemble plutôt que séparément en comprenant enfin que la seule personne avec qui vous n'aurez jamais autre chose que de vivre c’est vous-même. Je sens personnellement que beaucoup de changement se mettent en place, qu'un déclic s'opère et que celui-ci n'aura aucun retour en arrière. On fait table rase et on comprend tout le toxique qu'on met dans notre quotidien. Cet état de sérénité je vais le conserver, je vais le préserver. La nature a repris ses droits, mon esprit aussi a repris ses droits.
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