L'article que j'ai probablement le plus redouté à écrire. Même dans mon livre je n'ai pas réussi à en parler. J'ai abordé l'aspect psychologique des troubles alimentaires et de leurs conséquences. Mais jamais je n'ai osé abordé l'aspect physique. Peut-être par pudeur, peut-être aussi par déni.
Mais à l'aube de commencer le livre numéro 2, la suite de "et demain comment je fais" et surtout en réponse à ces messages que je reçois "est ce que toi tu as ça?...je ne pensais pas que l'anorexie pouvait te tuer" il est grand temps de prendre mon courage et d'ouvrir mon cœur.
On ne vous a pas tout dit : les conséquences de l'anorexie
Tout d'abord je tiens à souligner que cet article n'a pas été écrit pour que vous soyez condescendant. Il a été écrit pour tous ces poids plumes en quête de mieux-être qui, comme moi avant, se disait que ça ne leur arriverait jamais. Cet article est pour te faire réagir toi qui le lit actuellement, pour que tu comprennes que tu donnes tout à une maladie qui te prends tout sans rien te rendre.
Trêve de blablas Anais c'est parti!
On parle beaucoup des souffrances mentales qu'entraînent un TCA (trouble du comportement alimentaire) : dépression, solitude, exclusion, extrême fatigue, dénutrition, aménorrhée. On oublie de nous parler des autres conséquences : les conséquences physiques. Elle n'arrive pas de suite. Elles arrivent après. Au moment où vous essayez de guérir, où vous essayez de recommencer. Elles viennent vous rattraper.
Le moment où les muscles ne répondent plus
Non votre fille n'est pas atteinte d'une leucémie, elle est dénutrie. Voici ce qu'on a dit à mes parents le jour où je me suis retrouvée 1 semaine en fauteuil roulant. Je me réveil un matin, incapable de marcher. Je dois m'accrocher au lit. Je suis amenée à l’Hôtel Dieu où pendant une semaine on me test pour cancer, leucémie, lupus. Même quand les médecins tapent mon genou avec le marteau, il ne bouge pas. Le verdict tombe mon corps n'est plus en mesure de marcher par lui-même parce qu'il n'a plus assez de force pour nourrir les muscles. Parce que oui en se privant de nourriture l'estomac n'est pas le seul à trinquer : on perd du poids mais on perd aussi tout nutriments vitaux.
Être aménorrhée : pas de règles mais surtout un cancer de l'utérus
Quand on parle d'aménorrhée on pense « pas de règles » avec comme risque majeur l'infertilité. Mais ça serait trop simple que ça s'arrête là non? Tout d'abord sachez que la ménopause précoce à l'âge de 25 ans, ça existe et ça n'arrive pas qu'aux autres : le corps ne sait plus produire d'hormones et il ne veut plus le faire.
Par ailleurs, et là vient le beau cadeau : beaucoup de femmes attrapent le papilloma virus au cours de leur vie mais, par le biais des règles, le corps le nettoie. Quand on a pas de règles, c'est au petit bonheur la chance. Chance que je n'ai pas eu. Le cancer à l'utérus se déclare. On opère. Et il revient. On recommence : au total 4 opérations à même pas 28 ans.
Tu auras la chance de ressembler à une peinture de Picasso
Et ce ne sera pas agréable. J'ai découvert que les calculs on les a dans les reins. Mais on les a aussi dans la bouche. A force de ne pas se nourrir et de ne pas macher, le corps ne sait plus saliver. Au moment du ré-apprentissage, les glandes salivaires gonflent et vous ressemblez à Picasso et pour le coup vous ne pouvez pas manger car impossible de déglutir. Et ça fait mal et ça fait peur!
Les organes souffriront
Pas un, pas deux, mais toute une ribambelle. Le premier a partir? Les reins : forcément ne pas assez boire est dangereux, trop boire l'est tout autant. Entre 7 et 9L de liquide par jour les reins s'usent et finissent par lâcher.
Suis ensuite le cœur plus assez nourri et totalement dépourvu de minéraux, il ralentit. Il ralentit tellement que vous faites de la bradycardie et que même des années après, courir un 15km vous est interdit. Vous avez usé votre cœur. Vous n'en aviez qu'un. Il ne reviendra pas.
Et puis c'est le début des descentes d'organes et de la perforation du foie. A force de ne pas avoir manger, de vous êtes creusé, vos organes ne tiennent plus à votre corps comme déchiré. Et là? Votre vie est en danger.
Alors je vais survire?
J'aimerais te dire oui sans hésiter. Mais le tableau n'est pas si simple. La réponse est : cela dépend de toi. De quand tu vas réagir, de comment tu vas réagir. Personnellement j'ai pris mon temps, trop de temps. Après tout, des reins on en a deux, et puis finalement si je n’ai pas d'enfant mon corps au moins restera maigre. Foutaise! Quand vos organes commencent à descendre c'est la sonnette d'alarme.
Cet article est pour répondre à cette phrase "ah bon? Je ne savais pas que l'anorexie pouvait être dangereuse". Elle tue, elle est sournoise et vous rattrape. Une vie dans laquelle on la survie n'est pas une vie. Elle n'est vécue qu'à moitié.
Partager, rire, découvrir et oser rêver, ça c'est la vie.
Allez on en a assez dit! Apres "et demain comment je fais" j'ai hâte de commencer pendant les vacances de Noël à écrire le tome deux et enfin vous dire où j’en suis.
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